Anne Sylvestre

Il n’est pas jusqu’à mes rêves
Où je n’vous ai parfois vu
Permettez que je m’élève
Contre cet abus

Je suis l'héritière
D'une odeur de terre
Et d'un champ de blé

Mes aïeules souveraines
Tenaient bien raide leur dos
S'en allant à la fontaine
Dans leur jupon de futaine
Avant moi, porteuses d'eau

Finalement, quand j'y repense
Nous voici quittes à présent
Si j'ai enchanté leur enfance
La mienne était cachée dedans

Le malheur a changé d'adresse
Il n'a pas laissé sa photo

Moi je veux bien pour cette fois
Chanter youpi la vie est belle tout le monde est heureux
Mais elle m'a dit

Non n'exagère pas

N'est-ce, n'est-ce
Que le vent
Qui caresse
Nos tympans?

Je n'ai pas boudé les tempêtes
Je n'ai pas refusé le vent
Si j'ai voulu leur tenir tête
J'ai toujours vogué de l'avant

Ça serait une fable
Au milieu des discours

Non non je n'invente pas
Mais je raconte tout droit

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